
#17 LA PAROLE
Si la pensée à elle seule a le pouvoir de nous engager, que dire de son expression tacite par la parole ?
La parole est d’abord un moyen d’expression, nous liant ainsi aux autres. C’est alors depuis son essence qu’elle est un acte d’exposition et d’extériorisation de notre être.
Elle nous reflète à tout égard : elle exprime très certainement nos pensées, nos idées, nos sentiments, notre personnalité, notre intérieur. Dès lors, il devient intéressant de mettre de la conscience sur ce que nous communiquons par notre voix.
La manière dont nous nous exprimons et tous les détails qu’elle peut contenir tels que l’intonation, le moment choisi ou encore l’interlocuteur auquel notre discours est destiné, les informations véhiculées et les convictions partagées sont des éléments majeurs dans notre communication. La bonne nouvelle est que nous avons la latitude de choisir toutes ces informations non négligeables.
Cette première présentation suffit à montrer que parler, bien parler, nécessite un minimum de conscience et d’analyse, mais surtout d’intention.
Si la communication a le pouvoir de créer des liens, il est important que ceux-ci se fassent sur une base véridique et durable reflétant l’authenticité des interlocuteurs.
D’aucuns affirment que la parole est un refuge, moi, je dis qu’elle est également un moyen d’expression de notre liberté. Elle a le pouvoir de concrétiser des pensées et d’informer, y compris la personne même qui l’émet. Oui, nous nous entendons et nous jaugeons à travers nos dires. Ce n’est point un hasard si la psychothérapie consiste essentiellement à accompagner le patient par la prise de parole à s’exprimer et prendre conscience de soi, sa réalité et ses solutions accessibles.
Il est tout aussi intéressant de réaliser que nos dires sont souvent des projections, une simple expression d’un état désiré créant ainsi une nouvelle réalité, des vérités et croyances. C’est sous cet aspect qu’il montre le plus tout son pouvoir de guide pour la personne.
Toutes les confirmations apportées par la parole démontrent assez les moyens qu’elle offre. En commun, ces moyens sont simplement une structuration de la pensée et de l’action, consciemment ou pas.
Sentez-vous aussi comme moi ce goût de recherche de validation par soi ou les autres dans la parole ? Une raison pour ne pas croire que les paroles s’envolent. Non, elles restent car elles viennent de loin et font partie de notre histoire même si elles appartiennent à une ancienne version de notre personne.
Une fois sorties nous avons le choix de les garder pour les valider en nous en s’en appropriant ou de les ranger ou encore de les reformuler pour créer un nouveau avis plus en phase avec nous et nos aspirations.
Ce pouvoir accessible de direction ou de redirection d’une pensée, d’une expression et même d’une action est suffisant pour convaincre à s’abstenir de toute forme de jugement de l’autre. Du moment qu’il soit possible de reformuler et même troquer ses avis juste après qu’ils soient exprimés ; que dire de la possibilité dans un moment futur, beaucoup plus tard. Cette liberté offre en même temps la possibilité d’un désengagement dans les paroles émises.
Mais une fois sorties, toute personne qui les reçoit en fait ce qu’elle veut. Là est le principal risque dans la prise de parole; nous ne contrôlons plus l’usage fait d’un fichier une fois transféré à un tiers!
Certainement, ces limites en la maitrise des conséquences pouvant découlées d’une expression explique le choix des personnes averties à s’abstenir de parler au maximum ou du moins parler lorsque cela s’avère réfléchi, nécessaire et juste.
C’est enfin un esprit ouvert d’acceptation et de respect de la liberté de l’autre qui comprend cette possibilité d’expression, mais aussi de changement.
